vendredi 19 mars 2010

Jean Carrive : Au bagne et autres proses de Franz Kafka

208 pages
15 x 23
20 euros

Jean Carrive (1905-1963) rencontre les surréalistes en 1923 - il est cité dans le premier manifeste de Breton - mais dès 1928, il s’en éloigne. Dans la fin de ces années 20, il fut proche de Monny de Boully et de la revue Discontinuité d’Adamov, et malgré des tentatives de rapprochement avec René Daumal, de profonds désaccords éloigneront les deux hommes. C’est à partir de 1938, que son activité de traducteur et de commentateur de Kafka va l’occuper tout entier. Il y a aussi les nouvelles amitiés, avec Pierre Klossowski, Pierre Leyris, Brice Parain… Il traduira essentiellement les “pièces courtes” de Kafka (quand Vialatte sera le traducteur des romans) : Nouvelles, Paraboles, Aphorismes. Outre La muraille de Chine, qui sera reprise en volume chez Gallimard, toutes ses traductions ne sont parues qu’en revues, L’Arbalète, Les Cahiers du Sud, notamment.
Ce livre rassemble ses textes épars et introuvables. Traductions et commentaires.
Au bagne, Aphorismes, préfaces aux Recherches d’un chien, à La Muraille de Chine, Paraboles, Un petit bout de femme.
Il propose aussi les lettres inédites de Jean Carrive à Jean Ballard, directeur des Cahiers du Sud, parfaitement éclairante sur le contexte historique (nous sommes sous l’Occupation qui motive révoltes et dégoût absolus chez lui), sur sa personnalité singulière et sur sa démarche intellectuelle où se mêlent affirmations enthousiastes et polémiques.
Nous trouverons aussi les articles que Marthe Robert et de Pierre Klossowski ont consacré à Carrive traducteur de Kafka.

En ces années de troubles profonds, Jean Carrive, de confession protestante, est traversé par le religieux, comme certains de ses contemporains (qu’ils se réunissent autour du Grand Jeu ou d’Acéphale) ; dans son cas, c’est la théologie négative qu’il essaie de circonscrire. Philosophie, religion et littérature doivent converger contre les idéologies.
Voici les mots que Klossowski prononça à la mort de son ami : “Toute votre vie si intense, si rapide et si allègrement dépensée dans la solidarité des souffrances, mais aussi dans une franche aspiration à la beauté de la vie (…), votre certitude de retrouver et de maintenir la splendeur des mondes disparus comme autant de raisons d’être pour l’homme aujourd’hui, voilà bien ce qui fait de vous une digne et singulière figure de la race humaniste du libre examen, cette secrète nation qui, par-delà la révocation de l’édit de Nantes, a marqué et approfondi la conscience française en l’enrichissant de cette rare propension à une incessante interrogation de soi-même, la douant aussi d’une curiosité jamais satisfaite à l’égard de tout ce qui doit décider de nos destins.”

Tous les documents ont été rassemblés et présentés par Jean-Paul Jacquier.

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